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Le dossier pédagogique du Concours national de la résistance et de la déportation.

Un bref historique d'un concours lié au réseau des musées nationaux de la résistance et de la déportation et destiné aux élèves des collèges et lycées. une présentation de l'esprit de ce concours et du dossier 2005. Par Eric Brossard (Histoire-Géographie)



Historique rapide du Concours national de la résistance et de la Déportation.


Dans un entretien publié dans le Bulletin officiel de l’Education nationale du 18 décembre 1997, Jean Gavard, résistant déporté à Mauthausen, inspecteur général de l’administration, alors président du jury national, rappelle l’origine et l’évolution du concours depuis sa création.

« Dès 1947, des résistants et d'anciens déportés ont manifesté la volonté de témoigner dans les établissements scolaires. Ils avaient conscience d'avoir vécu une expérience "extraordinaire" au vrai sens du terme, extrêmement difficile à rapporter. Le professeur d'histoire est devenu leur intermédiaire naturel.

L'idée de concours a ensuite germé très vite, Les anciens résistants et déportés pensaient aiguiser l'intérêt des élèves en créant une épreuve récompensée par un prix. Cette idée d'épreuve et de récompense était la norme dans l'enseignement traditionnel, enseignement qu'ils avaient eux mêmes reçu ou dispensé. Le principe du concours national a été adopté par le congrès de la Confédération nationale des combattants volontaires de la Résistance, à Lyon, en 1958. Les premiers concours départementaux ont eu lieu en 1960. S'y sont associés cette année là, la Fédération nationale des déportés et internés de la Résistance et le Réseau du Souvenir. Le concours est devenu officiel et national, le 11 avril 1961, par une circulaire de Lucien Paye, ministre de l'Education nationale et ancien de la France libre.

Pour introduire l'esprit de la pédagogie moderne, c’est à dire la responsabilisation des élèves, le travail de groupe, les candidats peuvent participer depuis 1979 par la réalisation d'un mémoire collectif. C’est Louis François, nommé président du jury en 1961, qui en a eu l'initiative. Cet ancien [résistant du réseau Notre-Dame, déporté à Neuengamme], devenu doyen de l'inspection générale d'histoire géographie, était un tenant des méthodes nouvelles. […] Cette modification des épreuves a permis de recueillir de nombreux témoignages car les élèves depuis quelques années utilisent de plus en plus magnétophones et caméscopes. Ce sont presque toujours des témoignages qui n'avaient jamais été enregistrés. […]

Depuis janvier 1997, le jury compte davantage de chercheurs et d'historiens, des représentants de la Fondation de la Résistance et de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation ainsi que des représentants de l'association des lauréats du concours. Cette modification a été faite à la demande de plusieurs membres du jury actuel [et] évitera d’être pris de court face à la disparition inéluctable de certains membres du jury, anciens de la Résistance et de la Déportation. »

Le précédent thème portant sur la Déportation et la Shoah date de 2002 : près de 40 000 collégiens de 3e et lycéens ont réalisé un devoir individuel ou un mémoire collectif portant sur « Connaissance de la Déportation et production littéraire et artistique ».

Comme chaque année, les associations ont mobilisé leurs adhérents, plus particulièrement les témoins qui, tant que leurs forces le leur permettent, se sont déplacés jusque dans les classes pour rencontrer les élèves, ont accompagné des sorties ou des voyages sur les lieux d’histoire et de mémoire, ont signalé les travaux réalisés et souvent méconnus sur le thème de l’année.

Chaque année, la Fondation pour la mémoire de la Déportation (n° spécial de la revue Mémoire vivante), la Fondation de la Résistance (n° spécial de la revue La lettre de la Fondation de la Résistance), la Fondation Charles de Gaulle, la Fondation de la France libre, le Musée de la Résistance nationale à Champigny (n° spécial de la revue Notre Musée, diffusé par le réseau SCEREN-CNDP), le Musée de la Résistance et de la Déportation de Besançon, le Centre d’histoire de la Résistance et de la Déportation de Lyon, la FNDIRP (n° spécial de la revue Le Patriote résistant), l’UNADIF-FNDIR (n° spécial de la revue Le Déporté pour la Liberté) font paraître, isolément ou, de plus en plus fréquemment, en partenariat, un dossier pédagogique sur le thème du concours.



Le thème et le dossier pédagogique 2005


Pour la session 2005, le jury national du Concours national de la Résistance et de la Déportation a choisi le thème suivant :

1945 : Libération des camps et découverte du système concentrationnaire ; crime contre l’humanité et génocide.

Ce thème est évidemment une contribution à la commémoration du 60e anniversaire de la libération des camps nazis. Le jury a cependant souhaité que le travail des élèves ne se limite pas seulement à l’étude des conditions dans lesquelles les déportés ont pu être libérés mais également à leurs conséquences jusqu’à aujourd’hui.

Afin d’aider les élèves de 3e de collège et de lycée à préparer le Concours un dossier pédagogique a été diffusé dans tous les établissements scolaires secondaires de France. Ce dossier, constitué d’un cahier de 36 pages et d’un cédérom, résulte du travail d’une équipe réunie autour de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation, comprenant des enseignants, des archivistes, des documentalistes et d’anciens déportés, soutenu par le personnel de la Fondation.

Le thème pour 2005 est traité en 5 parties

1 - Camps de concentration et extermination : que savait-on avant 1945 ?

2 - 1945 : la découverte des camps

3 - Après 1945, Nuremberg et les autres procès : la justice en marche

4 - Evolution du droit international et construction d’une justice internationale depuis 1945

5 - Rôle des vecteurs de mémoire dans l’évolution de la conscience collective depuis 1945


Le livret reprend cette articulation. Chaque partie est traitée autour de l’étude de quelques documents. Un texte général donne les grandes lignes et un commentaire, plus ou moins développé, apporte un complément à partir d’un cas particulier.


L’introduction a été confiée à Pierre Truche, premier président honoraire de la Cour de cassation, ancien avocat général au procès Barbie.


La première partie permet de mesurer le niveau de connaissance sur les camps de concentration avant-guerre puis pendant la guerre, et sur le génocide des Juifs et des Tsiganes. Une attention particulière est portée sur la manière dont les informations parviennent et circulent en France occupée.

La deuxième partie rappelle dans quelles circonstances s’est déroulée la libération des camps, ou leur simple ouverture, car certains camps étaient pratiquement vides de déportés lors de l’entrée des troupes alliées. Elle évoque d’abord le choc éprouvé par les soldats alliés, confrontés à la situation chaotique des camps au printemps 1945. Elle aborde ensuite la  manière dont la presse française a rendu compte de ces libérations. Elle souligne enfin la place accordée à l’image photographique ou cinématographique dans la connaissance par l’opinion de la situation des camps libérés.

La troisième partie rend compte de la volonté des alliés de poursuivre les criminels nazis et de la constitution des tribunaux en mesure de la juger et de les condamner. Elle insiste sur le cas particulier du procès des grands criminels de Nuremberg, préparé par les accords de Londres du 8 août 1945 qui précisent le statut du tribunal militaire international. La responsabilité individuelle des accusés leur vaut d’être accusés de crimes contre la paix, crimes de guerre et, pour la première fois, de crimes contre l’humanité. Les autres procès sont évoqués plus rapidement : une attention particulière est accordée au procès des médecins nazis, à l’origine du Code de Nuremberg ; au procès Eichmann, qui permet une prise de conscience de l’opinion internationale de la spécificité du génocide des Juifs européens ; au procès Barbie, premier procès en France pour accusation de crime contre l’humanité.

La quatrième partie s’interroge sur l’évolution du droit international et sa traduction sur le plan judiciaire. La convention pour la prévention et la répression du crime de génocide qui précède d’un jour la déclaration universelle des droits de l’homme du 10 décembre 1948 et conventions de Genève relative à la protection des personnes civiles en temps de guerre de 1949-1950 sont des avancées remarquables. Mais il faut attendre les années 1990 pour voir la mise en place de tribunaux pénaux internationaux (pour l’ex-Yougoslavie, puis pour le Rwanda) et 2002 pour voir la création de la Cour pénale internationale, institution permanente, apte à poursuivre et à juger tout criminel pour crimes de génocide, crimes contre l’humanité, crimes de guerre ou apparentés, quel que soit le pays où les crimes ont été commis. Les progrès sont considérables, mais de nombreux Etats n’ont toujours pas reconnu la Cour pénale internationale, rendant ses décisions plus difficiles à faire appliquer.

La cinquième partie insiste sur l’importance de la mémoire pour le maintien d’une conscience et d’une vigilance collectives, préalables indispensables à toute action de prévention et de répression contre les atteintes aux droits de l’homme. Elle rappelle l’engagement des anciens déportés à leur retour pour faire savoir, pourchasser les criminels, mais aussi pour construire un monde plus juste et plus respectueux de la dignité de l’autre. Elle précise le rôle des lieux et institutions de mémoire en France de puis 1945 et l’importance donnée aux commémorations officielles pour sensibiliser la population et notamment les plus jeunes au travers des actions menées dans les établissements scolaires.


Le livret est complété par un cédérom. Ce dispositif s’inspire des productions proposées les années précédentes le Musée de la Résistance nationale, qui s’est fortement impliqué dans la réalisation du présent dossier.
Le cédérom est pensé comme un complément indissociable du livret.

A chaque partie du livret correspond une partie du cédérom, chacune intégrée dans la rubrique « Documents pour la recherche ». En effet, le cédérom se veut une base de données, non exhaustive, permettant aux élèves et aux enseignants qui participent au concours de commencer et d’avancer leur travail à l’aide d’un matériel sélectionné parmi la masse des informations disponibles. Les documents sont tous pourvus des références nécessaires pour les identifier et retrouver les sources d’où ils proviennent, mais ils ne sont pas commentés. C’est aux élèves, guidés par leurs enseignants de faire ce travail, à la lumière des éléments fournis dans le livret.

Les documents rassemblés sont très divers : extraits d’ouvrages (le plus souvent épuisés donc indisponibles pour les élèves autrement), photographies, archives. Dans ce dernier cas, la participation de plusieurs musées à l’équipe réunie autour de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation a permis de réunir un ensemble de documents rarement montrés voir inédits.

Le souci de proposer des documents attractifs a incité les auteurs du dossier à intégrer dans le cédérom des extraits de films. Les élèves et leurs enseignants peuvent trouver un extrait du témoignage de Marie-Claude Vaillant-Couturier au procès de Nuremberg accompagné d’un entretien accordé quarante années plus tard à ce propos. Figure également un extrait du procès Eichmann tiré du film Un spécialiste. Manque malheureusement un extrait du procès Barbie qui a dû être retiré faute des autorisations nécessaires dans les délais impartis.

Afin de faciliter le travail, souvent considérable, des candidats au concours, le cédérom propose des « Outils pour la recherche » : deux chronologies, l’une sur la libération des camps, l’autre sur la mise en place de la justice internationale ; des ressources documentaires (bibliographies, coordonnées des établissements du réseau Scéren/CNDP/CRDP/CDDP et du réseau Archives nationales/départementales/communales) ; des adresses utiles (organisations et associations d’anciens déportés, musées, mémoriaux).

Enfin, dans le souci d’élargir et de prolonger la réflexion autour du thème du concours, deux autres entrées sont proposées dans le cédérom.

La première permet d’accéder aux « portraits de 4 déportées », aux engagements variés après leur retour : Marie-Claude Vaillant-Couturier, témoin au procès de Nuremberg, présidente fondatrice de la Fondation pour la mémoire de la Déportation ; Germaine Tillion, ethnologue, défenseure des droits de l’homme, notamment pendant la guerre d’Algérie ; Geneviève de Gaulle-Anthonioz, présidente d’ATD-Quart-Monde, à l’origine de la loi contre les exclusions ; Marie-José Chombart de Lauwe, sociologue, spécialiste de l’enfance, actuelle présidente de la Fondation pour la mémoire de la déportation.

La seconde entrée ouvre sur un ensemble documentaire sur la notion de responsabilité. Cet ensemble a été constitué dans une perspective pluridisciplinaire, associant le regard des sociologues, des philosophes et des historiens, et même des juristes. Cette interrogation sur la notion de responsabilité traverse tout le dossier. Et là sont les véritables questions qui se posent à chacun, candidats comme non-candidats : suis-je en toutes circonstances maître de mes actes et, par conséquent, responsable de ceux-ci ? si ma responsabilité n’est pas engagée, suis-je coupable des crimes qu’ils peuvent engendrer ? suis-je coupable d’avoir simplement obéi ou de n’avoir pas désobéi ?

Le cédérom a été conçu de telle sorte qu’il soit possible de passer facilement d’une rubrique à une autre. Il est une invitation à s’interroger constamment sur ce que l’on lit, ce que l’on voit, ce que l’on écoute. Il veut montrer que la preuve unique n’existe pas, que l’argumentation et la démonstration historiques comme judiciaires demandent un faisceau d’indices concordants qui nécessite une minimum de rigueur et de méthode pour être convaincant.

Ce dossier permet aux enseignants de placer leurs élèves dans la posture de l’historien, confronté à une masse d’informations, ici préalablement sélectionnées pour demeurer à la portée de collégiens ou de lycéens (notamment de ceux qui participent chaque année au Concours national de la Résistance et de la Déportation). Il permet également de placer les élèves dans la posture du citoyen, devant constamment s’interroger sur des questions d’ordre civique, juridique ou éthique. C’est en cela que la Déportation reste un sujet d’enseignement pour aujourd’hui.

Eric Brossard



Pour se procurer les dossiers 2005 et précédents


Livret du dossier 2005 est mis en ligne sur le site de la Fondation pour la mémoire de la Déportation www.fmd.asso.fr

Autres thèmes concernant la Déportation depuis 1995 (intitulés simplifiés)

1995 – La libération des camps et la capitulation de l’Allemagne nazie

1999 – Plaques, stèles et monuments en mémoire des victimes de la Résistance et de la Déportation

2000 – L’univers concentrationnaire dans le système nazi.

2002 – Connaissance de la Déportation et production littéraire et artistique

Les dossiers  réalisés par les fondations, diffusées gratuitement dans les collèges et lycées, doivent être disponibles dans les CDI. Il est possible de les réclamer auprès de la Fondation pour la mémoire de la Déportation, dans la limite des stocks encore disponibles.

Fondation pour la mémoire de la Déportation

30 boulevard des Invalides

75007 PARIS

Tél. 01 47 05 81 50

courriel : contactfmd@fmd.asso.fr


Les dossiers réalisés par la Musée de la Résistance nationale peuvent se trouver dans les CDI, mais leur diffusion payante est forcément plus restreinte. Les dossiers peuvent être commandés auprès du musée, dans la limite des stocks encore disponibles


Musée de la Résistance nationale

Parc Vercors

88 avenue Marx Dormoy

94500 CHAMPIGNY SUR MARNE

Tél. 01 48 41 00 80

courriel : infos@musee-resistance.com

Les dossiers réalisés par la FNDIRP (n° spécial du Patriote résistant) et de la FNDIR-UNADIF (cahier spécial du Déporté pour la liberté) peuvent se trouver dans les CDI car les membres des associations liées à ces grandes fédérations font un travail de diffusion de ces dossiers auprès des établissements scolaires. Les dossiers concernant la Déportation peuvent être obtenus auprès des deux fédérations et de leurs associations locales, dans la limite des stocks encore disponibles.


Fédération nationale des déportés internés résistants et patriotes (FNDIRP)

10 rue Leroux

75016 PARIS

Tél. 01 44 17 38 15

courriel : fndirp@free.fr


Union nationale des associations de déportés internés et familles de disparus (UNADIF)

Fédération nationale des déportés et internés de la Résistance (FNDIR)

47 avenue Georges Mandel

75116 PARIS

Tél. 01 53 10 47 00

courriel : unadif-fndir@noos.fr
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