Enseigner et apprendre en classe d'histoire : cristallisation des représentations des enseignants du secondaire face à la réforme des compétences
Mathieu Bouhon Université catholique de Louvain - Unité de didactique de l'histoire Haute École Léonard de Vinci – section pédagogique Mots-clés : Enseignement secondaire, Histoire, Représentations sociales, Réformes, Compétences.
Résumé
L’objet de cette communication a trait aux représentations de l'enseignement et de l'apprentissage des professeurs d'histoire de l'enseignement secondaire libre en Communauté française de Belgique1.
Les bouleversements provoqués par l'implantation d'une pédagogie des compétences dans l'enseignement secondaire en Communauté française de Belgique au début des années 2000, et la cristallisation qui s'est opérée face aux nouvelles pratiques préconisées, ont constitué un moment privilégié pour étudier les représentations sociales de cette pratique.
Les données ont été recueillies auprès de 42 enseignants d'histoire répartis en quatre groupes et selon deux variables : leur adhésion ou leur non-adhésion aux nouvelles approches pédagogiques, d'une part, leur accompagnement ou leur non accompagnement pédagogique, d'autre part. Sur base d'un matériau sémantique d'une dizaine de pages produit par chaque sujet, l’étude a combiné traitements qualitatif (codage d'unités sémantiques avec le logiciel NVivo) et quantitatif (traitement de données dans SPSS). Trois types d'analyse quantitative, inspirées des méthodes en cours en psychologie sociale (Doise et Coll., 1992), ont été appliqués aux mêmes données : une analyse de classification hiérarchique, une analyse multidimensionnelle et une analyse factorielle en composante principale.
Les principaux résultats de cette étude permettent de mieux comprendre la configuration des représentations, leur positionnement respectif et les dimensions qui les structurent. Ils corroborent en partie une série de constats posés initialement, bien que de manière empirique, dans le cadre de la formation continue des enseignants. Les nouvelles injonctions pédagogiques sont perçues comme un corps étranger venant s’enfoncer dans les différentes représentations en place. Ils montrent également que les enseignants les plus « disciplinaires » sont aussi ceux qui adhèrent le moins aux nouvelles orientations didactiques. Ces constats sont à mettre en lien avec les formes de tiédeur, de malaise, pour ne pas dire de résistance, des enseignants face aux réformes actuelles qui sont pourtant supposées les aider à faire face aux transformations de leur environnement de travail.
D’autre part, plusieurs travaux de synthèse en sciences de l'éducation, anglophones et francophones, soulignent régulièrement la faiblesse des dimensions théoriques et méthodologiques dans les recherches en didactique et leur peu de transparence dans les publications. Dans cette perspective, la communication vise aussi à discuter des méthodes adoptées, de leurs présupposés théoriques, de leurs apports et de leurs limites pour la recherche en didactique.
1 L’enseignement « libre » est un réseau privé subventionné par l’État. Il scolarise environ 65% des élèves de la Communauté française de Belgique.